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Les urgences en période de pandémie : orienter et rassurer
le 15/05/2020
Ne pas reporter ses démarches de soin impérieuses, même en temps de pandémie : c’est le message que les urgences souhaitent faire passer. En effet, depuis quelques semaines, une décrue significative allant jusqu’à 70% du nombre de personnes admises dans ces services est constatée. Comment expliquer ce phénomène et surtout, comment ramener les Français vers les structures de soin ?
Depuis le début du mois de mars, certains établissements enregistrent une baisse de fréquentation des urgences, parfois de moitié. C’est notamment le cas de l’hôpital privé Ouest Parisien (Trappes, Ile-de-France), où le médecin urgentiste Romain Mariauzouls Wolny continue à orienter et rassurer les patients.
La crainte d’une contamination... mais pas seulement
Depuis le début de l’annonce du confinement, l’établissement a vu l’activité de ses urgences chuter. Pourtant… « parallèlement à la pandémie, des AVC, des accidents domestiques, des traumatismes ou encore des crises d’appendicite continuent à se produire, explique le Dr Romain Mariauzouls Wolny. Le patient ne doit pas déterminer lui-même le degré de gravité de son trouble, ce sont toujours les urgences qui assument ce rôle ».
La raison principale de cette baisse ? La peur de la contamination au Covid-19 mais pas seulement : « beaucoup de gens n’osent pas venir par peur de déranger. Certains nous disent qu’ils ont longuement réfléchi avant de se présenter pour éviter de prendre de la place, de mobiliser des soignants qui pourraient s’occuper de patients Covid+. C’est comme si ces personnes se mettaient au second plan... », raconte le docteur. La communication autour de l’importance de rester chez soi ayant été très efficace, de nombreuses personnes ont décidé de ne pas consulter, même dans des situations risquées. Alors que, « si notre niveau d’inquiétude est élevé et que l’on ne comprend pas ce qui nous arrive, il faut se rendre aux urgences, rappelle le spécialiste. Quelle que soit la raison, il n’y a pas d’échelle de gravité ».
Circuits dédiés et espace réservé
Le Dr Mariauzouls Wolny est également le coordinateur général du service des urgences durant cette crise. Il se veut donc rassurant sur les modalités de l’accueil de ces patients : « nous avons repensé tout le circuit de prise en charge. Il est à présent scindé en deux parties, étanches. Les patients Covid+ sont séparés des autres dès leur arrivée », explique-t-il.
Et si le tri de patients a pu se faire au sein de l’admission des urgences, lorsque la vague est devenue importante, cet accueil a dû être délocalisé, permettant d’autant la séparation des effectifs. « Nous avons créé un nouveau service d’urgences au 3e étage de l’hôpital pour accueillir les patients négatifs au Covid. Pour les patients atteints, le service « classique » a entièrement été consacré à leur prise en charge. Il n’y a ainsi aucun risque de transmission, même accidentel ».
Pour augmenter la capacité d’accueil, un poste médical avancé (PMA), matérialisé par une grande tente a été installé devant les urgences. « Cela permet de prendre en charge immédiatement les patients qui arrivent et de les tester ».
Chaque personne est ainsi examinée, toutes les mesures de protection sont prises, et les gestes barrières appliqués. « Pour mettre en place ce dispositif, nous avons bénéficié d’un appui logistique et humain remarquable, raconte le docteur. Chaque équipe est dédiée : soit Covid+ soit Covid négatif et nous assurons une astreinte avec des médecins 24h/24 ».
Si la situation est aujourd’hui un peu plus calme au service des urgences, la crainte d’une deuxième vague demeure. « Nous restons sur le qui-vive. Le deuxième espace d’accueil est en veille, prêt à être rouvert à tout moment ». La lutte contre le coronavirus se poursuit et l’effort de chacun reste nécessaire pour espérer en venir rapidement à bout, mais aucune urgence ne doit pourtant être négligée…